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Articles

Homélie pour la fête de la Croix glorieuse

 Alors que nous fêtons ce dimanche la « Croix glorieuse », nous pourrions nous demander justement ce qu’il y a de glorieux dans la croix. La croix, c’est l’instrument du supplice des traîtres et des esclaves, d’une mort infâme et infâmante. Quelle gloire y a-t-il à en tirer ? Une chose peut être bonne, et a fortiori glorieuse, pour deux raisons. Par elle-même, tout d’abord, ou bien par ce à quoi elle dispose et envers quoi elle a raison de moyen. Par exemple, c’est toujours une bonne chose de prier, c’est un titre de gloire que d’être connu, fut-ce de Dieu seul, comme un homme ou une femme de prière, comme saint Rose-Philippine Duchesne, que les indiens d’Amérique appelaient : « la femme qui prie toujours ». En revanche, il n’est pas toujours bon de s’abstenir de nourriture, mais ça peut être une bonne chose si le jeûne est ordonné à autre chose de bon, par exemple à la santé comme un remède, ou à Dieu comme moyen de pénitence. C’est en ce second sens que la croix est glorieuse, co...
Articles récents

Homélie pour le 22e dimanche “per annum” (C) : « Mon ami, avance plus haut »

 Les textes que nous offre ce dimanche la sainte liturgie mettent l’accent sur l’humilité, ce qui n’est pas sans représenter un défi pour le prédicateur chargé de nourrir la méditation des fidèles à ce sujet. Pour parler d’une chose, il faut, en effet, commencer par la connaître ; or, on ne peut prétendre connaître l’humilité sans mentir. Celui qui le revendiquerait, qui se réclamerait d’une certaine excellence dans cette vertu en disant « ah, moi, je suis vraiment humble ! » se dédierait du même fait. Le Sage, d’ailleurs, manifeste ce paradoxe, lorsqu’il associe deux recommandations à son disciple : « mon fils – dit-il – accomplis toute chose dans l’humilité, l’idéal du sage c’est une oreille qui écoute » ; la pratique de la parole semble bien périlleuse pour l’humilité. « Qui est sensé médite », ajoute le Sage, sur le modèle de Marie, dont les paroles, dans l’évangile, sont rares, tandis qu’elle méditait et gardait dans son cœur le mystère qui se déployait autour d’elle et par el...

Homélie pour le 21e dimanche “per annum”

 L’évangile que nous venons d’entendre peut avoir quelque chose d’un peu déroutant : « il y aura des pleurs et des grincements de dents, vous serez jetés dehors / acclamons la Parole de Dieu / Louange à toi, Seigneur Jésus ». Voilà que l’on demande à Jésus si ceux qui seront sauvés, c’est-à-dire ceux qui seront au paradis pour l’éternité, sont en petit nombre. Cette question révèle l’angoisse, ou au moins l’inquiétude, de celui qui la pose, tandis qu’il est en chemin vers Jérusalem avec Jésus. Et nous tous, chrétiens, qui sommes en chemin, ayant pris, par notre baptême, la route vers la Jérusalem céleste, ayant pris Jésus comme compagnon de cette route, nous pouvons nous la poser. Serais-je sauvé ? Serai-je heureux dans l’autre vie, m’étant efforcé de faire le bien ici-bas ? Ou bien aurai-je à regretter éternellement le mal dont je ne me suis pas détourné ? Notez que la question n’est pas : « que faire pour être sauvé ? », mais « combien seront sauvés ? » ; la question porte sur la...

Homélie pour la solennité de l'Assomption

 Dans la première lecture, tirée du livre de l’Apocalypse – c’est-à-dire le livre des révélations – saint Jean place sous nos yeux la vision formidable de l’entrée de l’Arche d’alliance dans le sanctuaire de Dieu. L’Arche d’alliance avait été fabriquée sur les ordres de Moïse par Beçalel et ses compagnons, afin de servir de réceptacle aux Tables de la loi : ces tables de pierre « écrites du doigt de Dieu », ramenées de l’Horeb. L’arche avait été ensuite solennellement introduite au cœur du Temple de Jérusalem, dans le Saint-des-saints, au temps du roi Salomon. Mais ce ne fut pas cela que vit saint Jean, à qui fut donné de contempler « le sanctuaire de Dieu qui est dans le ciel », non sur Terre, et qui vit, en guise d’arche, « une femme, ayant le soleil pour manteau ». Comment comprendre cela ? L’Ancienne alliance était fondée sur le respect de la loi de Moïse, et en particulier les dix commandements ; c’était la loi qui scellait le lien entre Dieu et son peuple. La Nouvelle allianc...

Homélie pour le 18e dimanche “per annum” (C) : « Dieu seul suffit »

 L’un de mes auteurs spirituels favori : Coco Chanel, disait que ce qui rend les gens malheureux, c’est qu’ils ne savent renoncer à rien. Au-delà de cet aphorisme quelque peu provocateur, venant d’une des femmes les plus riches de son temps, il y a néanmoins quelque chose de très vrai. On se représente souvent, en effet, le bonheur comme un état dans lequel nous serions comblés, dans lequel il ne nous manquerait rien. Mais cette représentation a-t-elle réellement une consistance, ou bien ne serait-elle pas un mirage ? Quelle est cette abondance que l’on désire tant ? Est-ce l’abondance des richesses ? C’était le rêve du roi Midas, à qui le satyre Silène accorda le don pervers de changer en or tout ce qu’il touchait. Midas finit par s’apercevoir qu’il ne pouvait plus serrer ses proches dans ses bras sans les changer eux-mêmes en statues d’or, froides comme la mort. Lui qui voulait tout posséder se trouva finalement privé de l’essentiel. Serait-ce alors l’abondance des plaisirs ? C’e...

Homélie pour le 17e dimanche “per annum” (C) : « Si haut que soit le Seigneur, il voit le plus humble »

 Tant l’évangile que nous venons d’entendre que la première lecture nous parlent de la puissance de la prière. Jésus, comme toujours, ne se contente pas de répondre strictement aux questions qui lui sont posées ou aux demandes qui lui sont faites : il va encore au-delà, et invite ses interlocuteurs, comme nous-mêmes, à une certaine hauteur de vue. Voilà qu’on lui demande comment il faut prier ; « apprends-nous à prier comme Jean le Baptiste l’a fait pour ses disciples ». On imagine, en effet, quel était le transport des disciples du Précurseur, alors qu’il les entretenait de la vie spirituelle, sur les bords du Jourdain. Nous imaginons les pieux colloques qui devaient être les leurs, les longues soirées autour du feu. Et c’est cela que les disciples du Baptiste voulaient retrouver avec Jésus, l’Agneau de Dieu, que Jean leur avait commandé de suivre. Touché par cette piété, Jésus enseigne à ceux qui le sollicitent la prière que nous connaissons tous désormais : le « Notre-Père ». Ma...

Homélie pour le 14e dimanche "per annum" (C)

 Voilà que nous nous retrouvons en vert pour la première fois depuis l’hiver dernier : les solennités de ces dernières semaines ayant prévalu sur les dimanches du temps ordinaire, ce temps qui correspond, dans l’année liturgique, au temps de notre propre vie. Le cycle des mystères du Seigneur, de son attente pendant le temps de l’avent, de sa naissance pendant le temps de la nativité, de son ministère et de sa passion pendant le temps du carême, de sa résurrection et de son ascension pendant le temps pascal, font revivre dans notre mémoire le mystère de Dieu qui se donne à nous. Le temps « per annum », le temps du reste de l’année, le temps ordinaire, lui, correspond à notre réponse au don de Dieu, à notre retour à lui, c’est-à-dire au mystère de notre sanctification. Quand nous recevons une invitation d’un grand ami, ou de quelqu’un de très important, nous ressentons à la fois de la fierté et de la joie : la joie de se savoir impliqué dans la vie de cette personne que, pour une ra...