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Homélie pour le 29e dimanche "per annum" (C) : « Nous existons pour Dieu ! »

 À la source de tout raisonnement, il y a une interrogation primordiale : une question qui nous empêche de dormir. La question qui est offerte ce dimanche à notre méditation nous est posée par le psalmiste : « Je lève les yeux vers les montagnes, d’où le secours me viendra-t-il ? ». Ces montagnes, ce sont les difficultés qui nous entourent, et qui passent parfois pour des barrières infranchissables. En les regardant, en levant les yeux vers elles car elles semblent nous dépasser et excéder nos forces, notre cœur découragé se fait alors l’écho de cette plainte : « d’où le secours me viendra-t-il ? ». Le psalmiste apporte immédiatement la réponse : « le secours me viendra du Seigneur qui a fait et ciel et la terre ». Évidemment, nous n’attendions rien d’autre ; toute réponse différente, dans la Bible, nous aurait semblé très incongrue. Cependant, dans la réalité de notre vie quotidienne, la réponse ne semble pas toujours aller de soi ; nous préférons parfois, en effet, nous tourner v...
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Homélie pour le 27e dimanche "per annum" (C)

 C’est par un appel déchirant que s’ouvrent les lectures offertes à notre méditation ce dimanche : « combien de temps, Seigneur, vais-je appeler ; combien de temps vais-je crier vers toi sans que tu entendes ? Combien de temps vais-je rester empêtré dans le mal et la misère ? ». Le prophète Habacuc, qui s’adresse ainsi à Dieu, a vécu au début du VIe siècle avant Jésus-Christ, au temps de la conquête de Jérusalem par les assyriens, puis de la déportation des juifs vers Babylone, d’où le pillage et la violence, la dispute et la discorde qui se déchaînent, selon les propres mots du prophète. Cette plainte qu’il fait monter vers Dieu pourrait toutefois aussi être la nôtre : jusqu’à quand, Seigneur, vas-tu permettre que le mal prospère dans le monde ? Combien de victoires le péché doit-il encore remporter avant que tu ne nous en délivres enfin ? Le cri que lance Habacuc vers Dieu est presque une invective, presque un blasphème, comme s’il disait au Seigneur : « bouge-toi, par pitié ! » ...

Homélie pour le 25e dimanche "per annum" (C)

 La parabole évangélique que nous venons d’entendre et que la sainte liturgie offre ce dimanche à notre méditation a quelque chose de très mystérieux. Voilà qu’un homme riche inspecte la façon dont son intendant a géré ses biens, et s’aperçoit que ce dernier a soldé une partie des dettes de ses débiteurs, pourrait-on dire, afin de s’en faire des amis. Et voilà que le patron en question – qui s’est donc fait escroquer dans l’opération – loue la ruse de son employé. On pourrait comprendre cette situation dans une certaine mesure : sans doute que le patron n’était pas complètement ravi de s’être fait dépouiller par un jeu d’écritures comptables, mais peut-être n’était-il pas non plus à ça près pour vivre confortablement, et admirer la fourberie de son gérant lui offrait une compensation acceptable : « quel bel escroc ! », se dit-il certainement. En revanche, on ne comprend pas pourquoi Jésus, dans l’évangile, nous propose, d’une certaine façon, ce gérant malhonnête comme modèle. La pa...

Homélie pour la fête de la Croix glorieuse

 Alors que nous fêtons ce dimanche la « Croix glorieuse », nous pourrions nous demander justement ce qu’il y a de glorieux dans la croix. La croix, c’est l’instrument du supplice des traîtres et des esclaves, d’une mort infâme et infâmante. Quelle gloire y a-t-il à en tirer ? Une chose peut être bonne, et a fortiori glorieuse, pour deux raisons. Par elle-même, tout d’abord, ou bien par ce à quoi elle dispose et envers quoi elle a raison de moyen. Par exemple, c’est toujours une bonne chose de prier, c’est un titre de gloire que d’être connu, fut-ce de Dieu seul, comme un homme ou une femme de prière, comme saint Rose-Philippine Duchesne, que les indiens d’Amérique appelaient : « la femme qui prie toujours ». En revanche, il n’est pas toujours bon de s’abstenir de nourriture, mais ça peut être une bonne chose si le jeûne est ordonné à autre chose de bon, par exemple à la santé comme un remède, ou à Dieu comme moyen de pénitence. C’est en ce second sens que la croix est glorieuse, co...

Homélie pour le 22e dimanche “per annum” (C) : « Mon ami, avance plus haut »

 Les textes que nous offre ce dimanche la sainte liturgie mettent l’accent sur l’humilité, ce qui n’est pas sans représenter un défi pour le prédicateur chargé de nourrir la méditation des fidèles à ce sujet. Pour parler d’une chose, il faut, en effet, commencer par la connaître ; or, on ne peut prétendre connaître l’humilité sans mentir. Celui qui le revendiquerait, qui se réclamerait d’une certaine excellence dans cette vertu en disant « ah, moi, je suis vraiment humble ! » se dédierait du même fait. Le Sage, d’ailleurs, manifeste ce paradoxe, lorsqu’il associe deux recommandations à son disciple : « mon fils – dit-il – accomplis toute chose dans l’humilité, l’idéal du sage c’est une oreille qui écoute » ; la pratique de la parole semble bien périlleuse pour l’humilité. « Qui est sensé médite », ajoute le Sage, sur le modèle de Marie, dont les paroles, dans l’évangile, sont rares, tandis qu’elle méditait et gardait dans son cœur le mystère qui se déployait autour d’elle et par el...

Homélie pour le 21e dimanche “per annum” (C)

 L’évangile que nous venons d’entendre peut avoir quelque chose d’un peu déroutant : « il y aura des pleurs et des grincements de dents, vous serez jetés dehors / acclamons la Parole de Dieu / Louange à toi, Seigneur Jésus ». Voilà que l’on demande à Jésus si ceux qui seront sauvés, c’est-à-dire ceux qui seront au paradis pour l’éternité, sont en petit nombre. Cette question révèle l’angoisse, ou au moins l’inquiétude, de celui qui la pose, tandis qu’il est en chemin vers Jérusalem avec Jésus. Et nous tous, chrétiens, qui sommes en chemin, ayant pris, par notre baptême, la route vers la Jérusalem céleste, ayant pris Jésus comme compagnon de cette route, nous pouvons nous la poser. Serais-je sauvé ? Serai-je heureux dans l’autre vie, m’étant efforcé de faire le bien ici-bas ? Ou bien aurai-je à regretter éternellement le mal dont je ne me suis pas détourné ? Notez que la question n’est pas : « que faire pour être sauvé ? », mais « combien seront sauvés ? » ; la question porte sur la...

Homélie pour la solennité de l'Assomption

 Dans la première lecture, tirée du livre de l’Apocalypse – c’est-à-dire le livre des révélations – saint Jean place sous nos yeux la vision formidable de l’entrée de l’Arche d’alliance dans le sanctuaire de Dieu. L’Arche d’alliance avait été fabriquée sur les ordres de Moïse par Beçalel et ses compagnons, afin de servir de réceptacle aux Tables de la loi : ces tables de pierre « écrites du doigt de Dieu », ramenées de l’Horeb. L’arche avait été ensuite solennellement introduite au cœur du Temple de Jérusalem, dans le Saint-des-saints, au temps du roi Salomon. Mais ce ne fut pas cela que vit saint Jean, à qui fut donné de contempler « le sanctuaire de Dieu qui est dans le ciel », non sur Terre, et qui vit, en guise d’arche, « une femme, ayant le soleil pour manteau ». Comment comprendre cela ? L’Ancienne alliance était fondée sur le respect de la loi de Moïse, et en particulier les dix commandements ; c’était la loi qui scellait le lien entre Dieu et son peuple. La Nouvelle allianc...