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Homélie pour le 30e dimanche "per annum" (B)

 Dans l’une des salles d’apparat du Palais apostolique du Vatican se trouve l’une des œuvres les plus connues de la Renaissance italienne : une fresque monumentale intitulée « L’école d’Athènes », peinte par Raphaël au tout début du XVIe siècle. Le peintre y met en scène les plus grands savants de la Grèce antique au sein d’un temple imaginaire à ciel ouvert. À gauche : Socrate semble en plein débat avec Xénophon. Au bas des marches, Épicure, couronné de feuilles de vigne et appuyé sur le socle d’une colonne, semble prendre des notes, de même que Pythagore, accroupi non loin de là ; et Empédocle en profite pour regarder ce qu’il écrit, par-dessus son épaule. Au premier plan : Héraclite, immobile, médite probablement sur le mouvement. À droite : Archimède semble poursuivre pour l’éternité la leçon de géométrie qu’un soldat romain trop zélé avait eu l’outrecuidance d’interrompre par un coup de glaive dix-sept siècles plus tôt. Au centre de la peinture, marchant vers le spectateur, conver
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Homélie pour le 29e dimanche "per annum" : « Le Serviteur a plu au Seigneur »

 Le passage de l’évangile dont nous faisons la lecture ce dimanche nous invite à méditer sur la notion de service et, plus précisément, sur la façon dont le service se doit concevoir dans l’Église. Mis en perspective avec les deux premières lectures, en effet, l’évangile nous donne à comprendre que le service ecclésial est indissociable du kérygme, c’est-à-dire de la proclamation de notre salut par le sacrifice de Jésus. L’Ancien testament regorge de prophéties annonçant la venue dans le monde d’un sauveur : sauveur du peuple d’Israël, mais aussi sauveur personnel de chaque homme, qui sera, grâce à lui, délivré du joug du péché. Isaïe, dont l’une des prophéties constitue la première lecture de la messe de ce dimanche, annonce quelque chose de très particulier au sujet du Messie : il en parle comme d’un serviteur souffrant. L’envoyé de Dieu, dit-il, sera broyé par la souffrance, il remettra sa vie en sacrifice ; il se chargera de la faute des hommes mais, par ses tourments, la lumière s

Homélie pour le 28e dimanche "per annum" : « Quis dives salvetur ? »

 La scène de l’évangile dont nous venons de faire la lecture est riche d’enseignements au sujet du véritable amour de Dieu et de la perfection de la vie chrétienne. Voilà qu’un homme se prosterne devant Jésus. Qui était Jésus pour lui ? Le texte évangélique ne le dit pas précisément. Il ne serait pas fondé de voir dans la prostration de cet homme une profession de foi en la divinité de Jésus semblable à celle de saint Pierre, lorsque ce dernier s’écria : « tu est le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Mais l’on comprend toutefois d’après le contexte que nous avons à faire à un juif pieux qui voyait en Jésus au moins un guide spirituel, presque un prophète, en tous cas un envoyé de Dieu. La loi juive, en effet, interdisait aux hommes de se prosterner à terre, sauf devant Dieu seul. La prostration indique, sinon l’adoration elle-même, au moins une grande déférence. Mais voilà que l’homme appelle Jésus « Bon maître ». Il ne témoigne pas seulement de la vénération envers Jésus : en le reconn

Homélie pour la solennité de saint Michel

 Quelle joie ! Quelle joie pour moi d’être ici parmi vous en ce jour de fête ! Ce dimanche est, en effet, une fête à un triple titre. C’est dimanche, évidemment : c’est tout d’abord le jour du Seigneur. C’est ensuite un jour d’une particulière solennité car nous célébrons la fête du Prince de la milice céleste : l’archange saint Michel. C’est, enfin, une fête à un titre tout à fait personnel, car cela fait exactement trois mois, jour pour jour, que l’ai eu la grâce d’être ordonné prêtre et je suis très heureux de célébrer cet anniversaire en votre compagnie. Le prêtre, en effet, c’est avant tout l’homme de l’autel, celui qui est député au culte divin rendu au nom de l’Église, c’est-à-dire la liturgie. Et vous vous serez certainement rendu compte que les prières de cette messe mettent un accent particulier sur la liturgie ; c’est même encore plus évident dans les antiennes des vêpres de ce jour. L’antienne d’offertoire, tirée du livre de l’Apocalypse, évoque un ange thuriféraire, dont l

Homélie en la mémoire de Notre-Dame de La Salette

 Nous célébrons ce soir la mémoire de l’apparition de Notre-Dame à La Salette, sur les montagnes pelées du massif des écrins, faisant face, de l’autre côté de la vallée au fond de laquelle serpente sournoisement le Drac, à l’écrasante et lugubre masse rocheuse de l’Obiou. C’est, en effet, dans un paysage à la fois magnifique et austère qu’en 1846, la Sainte Vierge apparu à deux petits pâtres : Mélanie Calvat et Maximin Giraud. Et ce n’est pas sans une certaine appréhension qu’un enfant du diocèse de Grenoble, né à quelques kilomètres de là, vous adresse ce soir ces quelques mots. Car l’apparition de Notre-Dame à La Salette a quelque chose de très particulier, par rapport aux autres apparitions mariales les plus connues, en particulier celles qui eurent lieu à Lourdes dix ans plus tard, ou à Fatima. L’apparition de La Salette se démarque, tout d’abord, par la controverse dont elle fut dès l’origine entourée. Ce fut, certes, le cas de toutes les autres apparitions ; et c’est bon signe, c

Homélie pour le 23e dimanche "per annum" : « Nous sommes tous riches ! »

 Dans le film « L’Aile ou la cuisse », sorti en 1976, nous voyons Louis de Funès, qui incarne le directeur d’un grand guide gastronomique, se déguiser à plusieurs reprises de façon totalement burlesque afin de mettre à l’épreuve la qualité de l’accueil des restaurants qu’il peut visiter ainsi incognito. Et en effet, l’habile inspecteur est souvent méprisé au profit de clients jugés plus important par les restaurateurs. Le spectateur, de cette façon, en vient à comprendre avec humour que « l’habit ne fait pas le moine », comme le dit l’expression populaire. Et nous pouvons tirer de ce spectacle la leçon suivante : qu’il vaut mieux traiter tout le monde avec la même déférence, car on ne sait jamais vraiment à qui l’on s’adresse. Il nous est donc utile de faire preuve de prudence en la matière : celui qui nous paraît ridicule ou méprisable pourrait, en réalité, ne pas être celui qu’il paraît. Voilà la maxime que la sagesse de ce monde tire de cette histoire. Et saint Jacques, dans la lett

Homélie pour le 22e dimanche "per annum" (B) : « Il n'y a pas un peuple sage comme cette nation ! »

 La première lecture de la messe de ce dimanche, tirée du livre du Deutéronome, c’est-à-dire littéralement : « le livre de la seconde loi » – c’est-à-dire la loi postérieure aux dix commandements – ce texte, disais-je, a de quoi nous surprendre. Nous y lisons, en effet, cette promesse que Dieu fait au Peuple qu’il s’est choisi, par la bouche de Moïse : « Quand les nations païennes entendront parler des commandements que je vous donne, elles s’écrieront : “Il n’y a pas un peuple sage et intelligent comme cette grande nation !” ». Mais cela n’a pas l’air d’être notre lot, chers amis : dans notre monde, en effet, les chrétiens passeraient plutôt pour des fous. Le monde méprise la morale chrétienne : il préfère l’utilitarisme aux principes, il justifie le mensonge, la cupidité et la violence par l’opportunité, les hommes préfèrent ne penser qu’à eux plutôt que de penser à Dieu et préfèrent poursuivre la chimère d’une liberté absolue plutôt qu’avoir le sens des engagements ; tous ces maux q