Alors que nous fêtons ce dimanche la « Croix glorieuse », nous pourrions nous demander justement ce qu’il y a de glorieux dans la croix. La croix, c’est l’instrument du supplice des traîtres et des esclaves, d’une mort infâme et infâmante. Quelle gloire y a-t-il à en tirer ? Une chose peut être bonne, et a fortiori glorieuse, pour deux raisons. Par elle-même, tout d’abord, ou bien par ce à quoi elle dispose et envers quoi elle a raison de moyen. Par exemple, c’est toujours une bonne chose de prier, c’est un titre de gloire que d’être connu, fut-ce de Dieu seul, comme un homme ou une femme de prière, comme saint Rose-Philippine Duchesne, que les indiens d’Amérique appelaient : « la femme qui prie toujours ». En revanche, il n’est pas toujours bon de s’abstenir de nourriture, mais ça peut être une bonne chose si le jeûne est ordonné à autre chose de bon, par exemple à la santé comme un remède, ou à Dieu comme moyen de pénitence. C’est en ce second sens que la croix est glorieuse, co...
Les textes que nous offre ce dimanche la sainte liturgie mettent l’accent sur l’humilité, ce qui n’est pas sans représenter un défi pour le prédicateur chargé de nourrir la méditation des fidèles à ce sujet. Pour parler d’une chose, il faut, en effet, commencer par la connaître ; or, on ne peut prétendre connaître l’humilité sans mentir. Celui qui le revendiquerait, qui se réclamerait d’une certaine excellence dans cette vertu en disant « ah, moi, je suis vraiment humble ! » se dédierait du même fait. Le Sage, d’ailleurs, manifeste ce paradoxe, lorsqu’il associe deux recommandations à son disciple : « mon fils – dit-il – accomplis toute chose dans l’humilité, l’idéal du sage c’est une oreille qui écoute » ; la pratique de la parole semble bien périlleuse pour l’humilité. « Qui est sensé médite », ajoute le Sage, sur le modèle de Marie, dont les paroles, dans l’évangile, sont rares, tandis qu’elle méditait et gardait dans son cœur le mystère qui se déployait autour d’elle et par el...