Alors que nous fêtons ce dimanche la « Croix glorieuse », nous pourrions nous demander justement ce qu’il y a de glorieux dans la croix. La croix, c’est l’instrument du supplice des traîtres et des esclaves, d’une mort infâme et infâmante. Quelle gloire y a-t-il à en tirer ?
Une chose peut être bonne, et a fortiori glorieuse, pour deux raisons. Par elle-même, tout d’abord, ou bien par ce à quoi elle dispose et envers quoi elle a raison de moyen. Par exemple, c’est toujours une bonne chose de prier, c’est un titre de gloire que d’être connu, fut-ce de Dieu seul, comme un homme ou une femme de prière, comme saint Rose-Philippine Duchesne, que les indiens d’Amérique appelaient : « la femme qui prie toujours ». En revanche, il n’est pas toujours bon de s’abstenir de nourriture, mais ça peut être une bonne chose si le jeûne est ordonné à autre chose de bon, par exemple à la santé comme un remède, ou à Dieu comme moyen de pénitence.
C’est en ce second sens que la croix est glorieuse, comme un moyen. Mais alors, un moyen pour quoi ?
Notre introduction au mystère de la croix a demandé une longue éducation, commencée depuis le temps de Moïse, avec le serpent d’airain qu’il dressa dans le désert. Face à un mystère qui fait de l’instrument de la mort la voie vers le salut, il n’y a pas de preuve scientifique, pas de démonstration, mais une image qui nous est donnée, révélée : celle du Fils de Dieu cloué sur le bois pour ressusciter dans la gloire et nous attirer à lui vers cette même gloire.
La croix est glorieuse car par elle Jésus nous donne la vie éternelle, comme un remède à l’empire du mal. S’il y avait eu un autre moyen, sans doute Jésus l’aurait-il préféré ! C’est pourquoi il faut avoir une grande vénération pour la croix, qui est le signe des chrétiens, par lequel nous commençons nos prières et recevons toute bénédiction.
Il y a une fierté de la croix ! Par elle est annoncé le mystère du salut. Qui prêche la rédemption sans la croix est un menteur, dit saint Paul. Il y a une tentation de masquer les croix, de les dissimuler, par respect mondain, parce que parfois, on se dit que les gens ne comprendraient pas. C’est un mensonge du diable : on ne peut annoncer Jésus sans annoncer la croix, car il est le Sauveur crucifié. La croix doit toujours être au centre, en hauteur, à l’honneur, car par elle s’ouvre pour nous la gloire du ciel.
Amen.
