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Homélie pour la fête de saint Marc

  Nous fêtons ce jour l’évangéliste Marc. Un évangéliste, c’est l’auteur d’un récit sur la vie de Jésus, dont il a été un témoin direct. Il y en a quatre : Matthieu, Marc, Luc et Jean ; à chacun correspond un des animaux de la vision d’Ézéchiel, que vous voyez sur la première fresque du bas-côté gauche de notre église : l’ange de saint Matthieu, le taureau de saint Luc, l’aigle de saint Jean, et bien sûr le lion de saint Marc, qui ouvre son évangile en parlant de la voix qui crie dans le désert. Or, c’est le lion qui rugit dans le désert, même si saint Marc applique ces mots à saint Jean-Baptiste.

« Évangile », en grec, signifie « bonne nouvelle ». Le mot ange – que vous retrouvez dans év-ang-ile – a une racine commune ; les anges étant les messagers de Dieu : songez à l’ange de l’Annonciation, ou à l’ange que les saintes femmes trouvèrent dans le tombeau au matin de Pâques, qui leur annonça la résurrection de Jésus.

Quelle nouvelle, alors, est cette bonne nouvelle de l’évangile ? On pourrait trouver beaucoup de choses à dire ! La seule existence de Dieu, par exemple. Mais en ce jour, les textes de la liturgie nous invitent à réfléchir à la primauté absolue de l’amour de Dieu. Dieu, en effet, nous a aimé le premier, comme le dit saint Jean. L’amour que nous avons pour Dieu est une réponse à l’amour de Dieu, qui est premier.

Et ça, c’est important de bien le comprendre car il y a, y compris dans l’Église, tout un courant qui confond la foi avec le développement personnel. D’après ce courant, il est utile d’avoir la foi car il est bon pour notre système hormonal ou nerveux de demeurer dans un état de gratitude ou d’espérance. Et c’est vrai, ces pensées sont sans doute bonnes ! Mais on n’aime pas un dieu qu’on invente car il nous est utile ; on aime Dieu qui nous a aimé le premier.

« Allez dans le monde entier proclamer l’évangile à toute la création », dit Jésus sous la plume de saint Marc. Allez annoncer la bonne nouvelle, c’est-à-dire allez annoncer qu’il y a un Dieu qui vous aime au point de mourir pour vous.

Évangéliser, ce n’est pas dire au monde comment on aime Jésus, car ce serait parler de soi. Évangéliser, c’est annoncer au monde à quel point Jésus aime les hommes : au point d’être mort sur la croix. Annoncer l’amour de Dieu, c’est annoncer la croix, qui n’est pas une fin – et le temps pascal est là pour nous inviter, chaque année, à le mieux comprendre – mais le moyen nécessaire du salut et la preuve de l’amour suprême de Dieu.

Or, la croix sera toujours pour le monde un scandale et une folie, un signe de contradiction. Tous les apôtres – les disciples les plus proches de Jésus – et tous les évangélistes ont connu le martyre : le rejet de leur parole par le monde jusqu’au rejet de leur propre vie. « Le diable rode autour de vous, dit saint Pierre, et tous les chrétiens sont en butte aux mêmes contradictions ; restez donc fermes dans la foi ». Or, la foi chrétienne, ce n’est pas seulement croire que Dieu existe, c’est encore croire que nous existons pour Dieu. Et Dieu est fidèle : « l’amour du Seigneur, sans fin je le chante – dit le psalmiste – et fidélité, je l’annonce d’âge en âge ».

Être de bons évangélisateurs, c’est témoigner de la même fidélité envers l’évangile, c’est annoncer tout l’évangile, et rien que l’évangile. C’est l’inspiration qu’il faut demander à saint Marc de nous envoyer ce soir.

Amen.