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Homélie pour le samedi de la 4e semaine de Carême (B) - Retraite des servants d'autel et servantes de l'assemblée

 Il est assez fréquent que vous entendiez prêcher sur la première lecture ou sur l’évangile, mais assez peu sur les psaumes. Nous autres, prédicateurs, ne le faisons pas assez. Pourtant, les psaumes sont des textes très spirituels, dans lesquels nous retrouvons la plupart des aspects de notre relation avec Dieu. Celui dont nous venons de faire la lecture reprend les mots d’une âme en proie à de grandes épreuves, qui cherche son secours en Dieu seul.

Comme la plupart des psaumes, celui-ci a été composé par le roi David. Plus précisément, David a composé ce psaume alors qu’il était en guerre contre son propre fils ; Absalom, pour une histoire assez compliquée et je ne vais pas rentrer dans les détails, mais vous imaginez la douleur qui était la sienne. Ce psaume est donc la prière d’un homme qui souffre et qui est en danger. Si j’attire votre attention sur ce point, c’est parce que, sans connaître des souffrances et des dangers semblables à ceux qu’a connus David, vous faites peut-être quand même, dans votre propre vie, l’expérience de moments où vous vous sentez seuls, abandonnés ou incompris. Et alors il faut se souvenir que si on a du mal à parler de ce que l’on ressent autour de nous, eh bien on peut toujours parler à Dieu. – Ah oui ? Mais quoi dire alors ? – Eh oui, parfois on ne sait pas quoi dire, alors justement, voilà que nous est offert dans la Bible – c’est-à-dire dans des textes écrits par de grands sages, sous l’inspiration de Dieu lui-même – voilà que se trouvent dans la Bible les mots dont nous avons besoin pour parler à Dieu ! Alors regardons un peu comment se présente cette prière.

« Seigneur mon Dieu, tu es mon refuge ! » Le refuge, c’est le lieu de la sécurité. En montagne, vous savez – là c’est le grenoblois qui parle ! – vous trouvez dans la montagne des refuges, c’est-à-dire des maisons où les randonneurs peuvent trouver un abri s’ils sont pris dans une tempête, ils ont de quoi faire du feu pour réchauffer leur repas – ou se réchauffer eux-mêmes ! – et ils trouvent là un endroit pour dormir. Quand nous nous sentons en danger ou persécuté, il faut toujours se souvenir que nous avons un refuge en Dieu. Et si on ne sait pas quoi dire, on peut tout simplement commencer par dire ; Seigneur, tu es mon Dieu et mon refuge, en toi je me sens en sécurité, accueilli en vérité.

« On me poursuit : sauvez-moi, délivre-moi ! » « Délivre-moi », c’est-à-dire préserve-moi du mal qu’on veut me faire. « Sauve-moi », c’est-à-dire garde-moi près de toi, dans le bien. Vous voyez que jusque-là, on n’a encore rien demandé à Dieu, on a simplement exprimé la situation dans laquelle nous sommes, et c’est déjà une prière.

« Juge-moi, Seigneur, sur ma justice : mon innocence parle pour moi. » Voilà la première demande que nous faisons. « Juge-moi, Seigneur », autrement-dit : je n’accorde pas d’importance au jugement des méchants. Le modèle de notre conscience, en effet, c’est Dieu. Peu importe ce pour quoi nous passons aux yeux des hommes, le plus important est d’être innocent aux yeux de Dieu. C’est pourquoi, si nous avons fait un péché, le plus important est de nous confesser. Si nous avons plusieurs activités prévues le dimanche, le plus important est que nous gardions un moment pour venir célébrer le repas du Seigneur et recevoir Jésus dans l’Eucharistie.

Le plus grand des trésors, c’est une conscience pure. Or, c’est Dieu qui nous purifie, et c’est lui qui juge du bien qui est en nous, pas les hommes ; c’est Dieu qui « scrute les cœurs et les reins [et] juge avec justice », dit le psalmiste.

Dieu est « le sauveur des cœurs droits » : si nous voulons être aidé par lui, alors il faut que nous restions dans le chemin qu’il a tracé pour nous, c’est-à-dire que nous gardions ses commandements. Et si nous avons eu le malheur de nous en écarter, Dieu nous donne encore le moyen de revenir à lui par le sacrement de la confession. Dieu est venu dans le monde et est mort sur la croix pour que nous soyons pardonnés de nos péchés, Dieu déteste le péché, mais ce qu’il aime plus que tout, c’est pardonner les pécheurs.

Ce psaume nous invite donc à faire grandir la confiance que nous avons en Dieu. Le dimanche après Pâques, nous célèbrerons la fête de la Divine Miséricorde. Vous connaissez tous, sans doute, ce tableau de Jésus miséricordieux, que le Christ a demandé à saint Faustine de faire peindre ; nous en avons une copie dans l’église, Solliès-Pont, sur un des piliers, sur le côté droit de la nef. En bas, il y a écrit cette phrase : « Jésus, j’ai confiance en toi ». La prière ne sert pas qu’à demander ce dont on a besoin, elle sert aussi et même avant tout à dire à Dieu qu’on l’aime et qu’on compte sur lui.

Faisons donc toujours nôtre la dernière parole du psaume : « Je chanterai le nom du Seigneur, le Très-Haut ».