Nous pouvons, ce soir encore, saluer la divine providence, qui nous donne à méditer un passage de l’évangile qui vient préparer la célébration, dimanche 11 février, pour la fête de Notre-Dame-de-Lourdes, du sacrement des malades que nous ferons dans notre paroisse. Voilà – dit l’évangile – que les apôtres allaient oindre les malades, et les guérissaient.
Il ne faut pas voir ici la célébration au sens strict du sacrement des malades : celui-ci requiert, en effet, le pouvoir d’ordre, le pouvoir sacerdotal, or, le sacerdoce chrétien a été institué par Jésus bien après le passage que nous avons lu… Vous savez tous quand le sacerdoce a été institué, bien entendu… N’est-ce pas ? … Oui, le Jeudi saint. Très bien. Alors non, les apôtres ne confèrent pas ici le sacrement des malades tel que nous le connaissons, mais ils posent tout de même des actes qui y ressemblent, et qui le préparent, qui l’annoncent.
Le sacrement des malades, que l’on appelait volontiers autrefois l’extrême onction, puisqu’on réservait cette onction pour les cas extrêmes – c’était bien dit – consiste, en effet, à oindre un malade pour demander à Dieu la guérison et le salut. Cette onction est réalisée avec une huile spécialement bénie par l’évêque lors de la messe chrismale.
Dans le langage biblique, maladie corporelle et péché sont souvent associées : on l’a déjà vu il y a quelques semaines avec la parenté entre la lèpre et le péché. La grâce propre du sacrement – puisque vous savez que tous les sacrements sont là pour conférer une grâce spécifique – la grâce propre de ce sacrement est la guérison : guérison de l’âme, mais aussi, si Dieu le juge utile à notre âme, guérison de notre corps, ou au moins soulagement de la souffrance.
L’homme n’a pas été créé pour la souffrance et la maladie, ces maux sont entrés dans le monde par le péché ; ils sont donc toujours une violence faite à notre nature, par lesquels nous touchons à nos limites. Dans le sacrement des malades, Jésus vient nous rejoindre lui aussi sur cette limite, il ne nous laisse pas seul face au péril. Il ne vient cependant pas pour nous épargner la souffrance, qui est le prix du péché, mais il vient pour nous aider à la dépasser, avec son aide. La maladie qui mène à la mort, plongée dans le mystère de la croix de Jésus, devient alors un chemin de vie.
Dans le sacrement de l’Eglise ne s’exprime pas seulement la compassion que doivent avoir les chrétiens pour tous ceux qui souffrent, c’est encore un moyen de salut offert par le Christ, une préparation à la vie éternelle. On a souvent peur de ce sacrement, on croit que si on le reçoit, alors on va mourir ; et on a déjà vu des malades, en effet, qui, l’ayant reçu, moururent rapidement. Mais quoi de plus normal, qu’après avoir confié sa vie à la miséricorde de Dieu, on franchisse joyeusement le seuil qui nous sépare de lui ? Et comment peut-on croire que c’est en évitant de recevoir ce sacrement que l’on pourra éviter la mort ? Non, nous n’éviterons pas la maladie et la mort, mais nous pouvons éviter d’affronter la maladie et la mort seuls, en implorant le secours du Christ, et c’est ce que nous permet le sacrement des malades.
Soyez donc tous encouragés à demander ce sacrement si vous en avez besoin, et proposez-le largement autour de vous.
Amen.