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Le péché originel (enseignement pour des enfants)

 Dieu est bon. La bonté est un des caractères essentiels de Dieu, qui est amour. « Louez Dieu car il est bon, chante le psalmiste, car éternel est son amour » (ps. 136) ; ne parle-t-on pas, justement, du « Bon Dieu ».

On dit encore de Dieu qu'il est le créateur du ciel et de la terre ; c'est ce que l'on dit dans le Credo : « je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre ». La terre, ce n'est pas juste le sol ou notre planète, mais c'est encore, au sens figuré, tout ce qui est autour de nous, tout ce qu'on voit. Le ciel, là encore, ce n'est pas simplement ce qui est au-dessus de nous, mais encore tout ce que l'on connait imparfaitement à cause de l'éloignement, comme les nuages que l'on voit mal, ou les étoiles qui sont trop éloignées, ou même ce qui est proche mais qu'on ne voit pas du tout, comme l'air qui nous entourre. Le ciel et la terre, de façon symbolique, désignent tout ce qui existe ; lorsque nous disons que Dieu est le créateur du ciel et de la terre, nous confessons qu'il est le créateur de tout l'univers.

Se pose alors une question : si Dieu est bon, et qu'il a tout créé, alors d'où vient le mal ?

Il n'y a pas de réponse possible à cette question sans les lumières de la Révélation.

C'est un peu comme si on voit des salissures sur le beau carrelage de la cuisine, à la maison. On peut les décrire : « ah, ben c'est sale ! ». On peut même avoir recours à la police scientifique ! Et déterminer qu'il s'agit de la terre du terrain de footbal d'à côté. On peut parfois relever l'emprunte d'une semelle de chaussure, mais si les traces sont diffuses, c'est impossible. L'origine exacte reste alors un mystère. Une enquête scientifique et policière ne peut donner qu'une réponse possible, voire probable, mais jamais  absolument certaine. La question des origines n'est pas une question scientifique. Pour savoir de façon certaine que ces traces sur le sol de la cuisine ont été causées par votre petit frère qui est rentré sans s'essuyer les pieds, puis que c'est le chien qui, en se roulant sur la trace de terre, en a mis partout, il faut soit l'avoir vu directement, soit avoir reçu le témoignage de quelqu'un qui était là. Or, le témoin de l'origine de toute chose, c'est Dieu lui-même, qui nous la raconte dans l'Écriture sainte.

La Bible, c'est un très gros livre, qui est, en fait, la somme de nombreux petits livres, qui sont des récits que Dieu a inspiré à différents auteurs, à différentes époques, pour se faire connaître de nous. Le tout premier de ces livres, qui s'appelle le livre de la Genèse, est le récit des origines de l'humanité. Nous allons en lire un extrait.

Extraits du livre de la Genèse, chapitres 2 et 3 :

Le Seigneur Dieu donna à l’homme cet ordre : « Tu peux manger les fruits de tous les arbres du jardin ; mais l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas ; car, le jour où tu en mangeras, tu mourras. »

Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que le Seigneur Dieu avait faits. Il dit à la femme : « Alors, Dieu vous a vraiment dit : “Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin” ? » La femme répondit au serpent : « Nous mangeons les fruits des arbres du jardin. Mais, pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : “Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez.” » Le serpent dit à la femme : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » La femme s’aperçut que le fruit de l’arbre devait être savoureux. Elle prit de son fruit, et en mangea. Elle en donna aussi à son mari, et il en mangea.

Le Seigneur Dieu dit à la femme : « Je multiplierai la peine de tes grossesses ; c’est dans la peine que tu enfanteras des fils. » Il dit enfin à l’homme : « Parce que tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé le fruit de l’arbre que je t’avais interdit de manger : maudit soit le sol à cause de toi ! C’est dans la peine que tu en tireras ta nourriture, tous les jours de ta vie. De lui-même, il te donnera épines et chardons, mais tu auras ta nourriture en cultivant les champs. C’est à la sueur de ton visage que tu gagneras ton pain, jusqu’à ce que tu retournes à la terre dont tu proviens ; car tu es poussière, et à la poussière tu retourneras. »

(Texte de la traduction pour l'usage liturgique, aelf.org)

Ce récit que nous venons de lire est, pour une part, imagé. Qu'est-ce que l'arbre de la connaissance du bien et du mal ? C'est un mystère. Mais "imagé" ne veut pas dire "inventé", ça veut plutôt dire "adapté" à notre façon de comprendre les choses, c'est comme une traduction, la traduction en langage concret d'une chose qui demeure mystérieuse ; ça n'est pas une invention.

Quel est le problème, dans ce récit ? Est-ce simplement qu'Adam et Ève ont mangé une chose qu'il ne fallait pas ? Est-ce que c'est juste la même chose que quand vous mangez en avance votre goûter ? Non, évidemment : le problème principal dans cette histoire, c'est surtout la désobéissance.

Dieu, en effet, avait mis de l'ordre dans le monde : tout était organisé pour le bien. En désobéissant, Adame et Ève ont rompu cet ordre parfait, ils ont déséquilibré l'harmonie du monde centrée sur le bien et ont donc introduit dans le monde quelque chose qui n'en faisait pas partie, quelque chose qui n'était pas prévu dans l'ordre du bien, c'est-à-dire le mal. Voilà ce qu'on appelle le péché originel : l'entrée du mal dans le monde, par la désobéissance de nos premiers parents.

Prise en elle-même, pourtant, leur faute ne semble pas si grave. Oui ils ont fait une bêtise, mais quand ça arrive on demande pardon et puis c'est fini. Mais ce péché-là tire sa gravité de ses circonstances.

En premier lieu, Adam et Ève étaient dans un état de parfaite amitié avec Dieu, et avaient une science parfaite de toute chose. Ils connaissaient donc parfaitement le mal qu'ils allaient faire. Ensuite, la gravité de cette faute vient de la perfection de l'ordre qu'ils ont rompu, comme la gravité d'un vol se définit notamment par la valeur de ce qui est volé.

Mais encore, la gravité de cette faute vient de ses conséquences : l'entrée du mal dans le monde, une première tâche d'où vont venir toutes les autres, comme la première trace de terre sur le carrelage de la cuisine, qui va se répandre et se diffuser partout quand on va marcher dessus. Adam et Ève ne connaissaient que le bien et devaient le transmettre à leurs enfants ; ils connaissent désormais aussi le mal et vont aussi le transmettre. C'est la gravité particulière du péché originel, et c'est pour ça qu'on appelle ce péché « originel » : il est le premier et à l'origine de tous les autres.

Ce péché a eu des conséquences pour tout le genre humain, c'est-à-dire les descendants d'Adam et Ève, c'est-à-dire nous ! Notre nature est désormais blessée par le mal, comme un beau carrelage tout blanc qui a désormais des traces de saleté. Nous avons désormais une espèce de sensibilité au mal, l'impression de pouvoir choisir entre le bien et le mal, et c'est une occasion de divisions.

Division en nous-mêmes, tout d'abord. Division de notre raison avec elle-même : on ne sait pas toujours où est le bien, on ne sait pas toujours ce qu'on doit faire. Et même quand on le sait, on est parfois tenté de ne pas le faire. Et puis division de notre raison et de nos passions. Normalement, les passions sont les mouvements du corps qui viennent soutenir notre raison : on sait, par exemple, qu'on doit manger de temps en temps et la sensation de faim est l'information que le corps donne à l'esprit sur ce besoin ; désormais, cette passion est déréglée et ne correspond plus nécessairement à un réel besoin : on souhaite parfois manger trop, ou mal.

Division encore des hommes entre eux : il y a de la jalousie, de la colère, de l'envie ! On se dispute, on se bat. Et division, enfin, des hommes avec Dieu : la logique du bien et de la vie ayant été rompue, nous smmes désormais voués à la mort ; la vie éternelle pour laquelle nous avions été créés nous est désormais inaccessible. Est-ce une raison de se rebeller contre Dieu ? Est-ce vraiment injuste ? On peut  comparer cette situation à un héritage : nos premiers parents avaient reçu un grand bien, qu'ils nous auraient transmis par héritage s'ils l'avaient conservé. Mais voilà, ils l'ont perdu. Certes, nous n'avons pas de faute personnelle à nous reprocher, mais pour autant, nous n'avons plus aucun droit sur cet héritage. La conséquence de tout celà, c'est que cet héritage doit nous être offert à nouveau, il nous faut rétablir le lien avec Dieu et briser le pouvoir du mal. Nous avons donc besoin d'un sauveur, et ce sauveur, c'est Jésus.

Jésus s'est fait homme pour demander pardon à Dieu au nom des hommes. Et parce que Jésus est Dieu, puisqu'il est le Fils de Dieu, son sacrifice a eu énormément de valeur aux yeux de Dieu, plus que tout ce que les hommes auraeient pu offrir. C'est pourquoi c'est par le sacrifice de Jésus que le pardon du péché nous est accordé.

Le sacrifice de Jésus offre le salut à tous les hommes, mais il nous faut encore le saisir ! Dieu nous a créés libres, il ne nous force jamais. La raison, c'est qu'il veut qu'on l'aime, et il n'y a pas d'amour véritable si on n'est pas libres. Jésus ne nous force pas mais il nous donne des moyens, et les moyens de saisir l'amour de Dieu, comme autant de petites fleurs que l'on cueille pour faire un bouquet, ce osnt les sacrements.

Le premier des sacrements est le baptême qui, justement, nous lave de la tache du péché originel, dont nous avons hérité par nature. Il ne nous préserve toutefois pas de ses conséquences pour la vie présente, mais seulement pour la vie future : notre nature ici-bas reste blessée, mais l'accès à la vie éternelle nous est rendu par le baptême, si on est déterminés à choisir le bien.

L'eucharistie, qui nourrit l'âme, nous aide, justement, à persévérer sur le chemin du bien, elle nous fortifie. Et si nous avons le malheur de nous égarer et tomber, la confession vient nous relever et nous rétablir dans l'amour de Dieu, par le pardon de nos péchés. Souvent, on entend dire qu'on a peur de la confession. Il faudrait plutôt avoir peur du péché ! Le péché nous conduit à notre perte, la confession à notre salut ! La confession nous permet de prendre conscience du péché mais aussi de l'amour de Dieu. Et plus on aime Dieu, plus on déteste ce qui nous éloigne de lui.

Les sacrements sont autant de déclarations d'amour envers Dieu. Dans l'acte de contrition, que l'on dit après la confession, on dit : « mon Dieu, j'ai le très grand regret de t'avoir offensé, parce que tu es infiniement bon, infiniement aimable, et que le péché te déplaît ». Il y a un cercle vertueux à cultiver : plus on cherche à renoncer au mal, plus on dit à Dieu qu'on l'aime, plus on aime Dieu et plus on le recherche, plus on s'éloigne du mal.

Le baptême, la communion, la confession, voilà en quoi réside le pouvoir de vaincre le mal par l'amour de Jésus, et pour l'amour de Jésus.

Pour aller plus loin, voir le Catéchisme de l'Église catholique, n° 385-421.

Enseignement donné lors d'une récollection de préparation à la première confession.